Un podcast pour parler improvisation, pédagogie et psychologie

Depuis plusieurs années, au fil de rencontres lors d’événements artistiques, scientifiques ou pédagogiques, le discours de plusieurs personnes m’a paru passionnant et c’était toujours un plaisir de partager ces moments.

Une triple thématique : improvisation, pédagogie, psychologie

En journée lors d’un débat construit dans une conférence internationale, à 2h du matin dans une cuisine, à la machine à café entre deux cours, au catering lors d’un spectacle ou sur la route : beaucoup d’échanges que l’envie poussait à partager, et le temps tenait à conserver secrets. Le temps est passé, l’envie est restée.

Deux épisodes déjà disponibles

Un premier épisode disponible depuis quelques semaine déjà ici, avec l’interview de Céline Monnier, enseignante et improvisatrice. Elle y prône l’improvisation pour la formation des enseignant.e.s et partage son expérience personnelle.

Le deuxième épisode vient de sortir, avec là aussi un échange avec Jean-Baptiste Chauvin (aka JiBé). Avec ses nombreuses casquettes, il parle de la maison de l’impro, Improfrance, des assises de l’impro, du KO des mots, de la communication sur les réseaux et la rencontre, l’évolution de l’impro en France depuis 40 ans, son duo avec Papy (le bulldozer et la dameuse), Jango Edwards, et Bernard Stiegler. Cet épisode est aussi l’occasion d’inventer un concept : la méta-désautomatisation.

Et ensuite ?

D’autres épisodes suivront, avec d’autres échanges, et des formats plus courts pour parler de sujets spécifiques : l’improvisation appliquée ou les liens entre recherche et l’impro sont en cours.

Si vous avec des suggestions de sujets à aborder ou de personnes à interviewer, les commentaires et la boite mail sont ouverts.

Tous les épisodes sont disponibles sur les principales plateformes

Comment apprendre efficacement ?

Le cerveau droit et le cerveau gauche, les styles d’apprentissage, la mémoire photographique…que de mythes sur l’apprentissage que nous entendons régulièrement chez les étudiants, et malheureusement chez certains enseignants. Le récent
succès médiatique de Céline Alvarez, qui cherche dans les neurosciences et la psychologie des guides pour mieux apprendre montre un certain intérêt pour le sujet.

Mais cet intérêt n’est pas franco-français, et certaines chercheuses et enseignants américaines ont développé un site qui explique aux principaux acteurs (enseignants, parents, apprenants de tous âges) comment apprendre efficacement. L’équipe de Learning Scientists a un formidable blog en anglais, et a récemment sorti 6 posters, à diffuser largement dans toutes les écoles, tous les collèges, lycées et dans les universités de France et de Navarre. J’ai participé à la traduction parce que c’est présenté simplement, qu’il s’agit stratégies vraiment efficace et que cette efficacité est accompagnée d’une source scientifique fiable à chaque fois. Tout ce qu’il faut pour une bonne vulgarisation.

Seule contrainte, ne pas utiliser le matériel dans un but commercial.

Pour télécharger tous les posters en un seul clic, c’est par ici. Et pour partager, c’est autant que vous voulez !

Quand vous l’afficherez dans l’établissement, n’oubliez pas d’envoyer la photo 🙂

 

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Cum hoc sed non propter hoc (bordel !)

Domino_CascadeSi vous avez suivi des études scientifiques, vous avez entendu 100 fois « corrélation-n-est-pas-causalité ». Sinon, voici mon sophisme préféré. Depuis le début du 21ème siècle, la température globale de notre planète augmente (phénomène A). Dans le même temps, ma calvitie progresse (phénomène B). C’est donc ma calvitie qui entraîne le réchauffement climatique ! Ou le réchauffement qui me rend chauve ? Ou un autre phénomène qui explique les deux ? Ou plus probablement, cela n’est qu’une coïncidence.

Plusieurs sites (ici ou ) pourront parfaitement expliquer ce sophisme, notamment la vidéo suivante tirée d’une chaîne Youtube qui se lance et qui semble prometteuse.

Mais attention ! Une corrélation entre deux phénomènes peut aussi vouloir dire…qu’il n’y a pas de rapport. C’est ce que montre l’excellent site de Tyler Vigen, qui s’amuse à montrer l’existence de corrélations entre deux phénomènes qui n’ont pas grand chose à voir, comme l’importation d’huile de Norvège vers les Etats-Unis et les automobilistes tués dans une collision avec un train. Ici, difficile de voir un seul facteur confondant, ou même plusieurs, expliquer ce lien statistique. chart

Pour finir, si vous entendez « Cum hoc ergo propter hoc » ou « Post hoc, ergo propter hoc », vous pourrez donc répondre « Cum hoc sed non propter hoc (bordel !) ».

 

Que fait un prix Nobel quand il s’intéresse à la pédagogie ?

Pratique_d'une_saignée« Une bonne saignée, et ça ira mieux ! », disaient les plus brillants esprits scientifiques et médicaux du monde entier pendant quelques deux millénaires. Et comme « On-A-Toujours-Fait-Comme-Ça », pourquoi changer ? Peut-être car c’est totalement inefficace ?

Cela semble tellement loin, et chacun de nous derrière son écran se sent immunisé contre ce type de raisonnement ou biais cognitif. Si nous suivons la démarche de Carl Wieman, prix Nobel de physique en 2001,  les cours magistraux (lectures dans la langue de Shakespeare), sont l’équivalent pédagogique de la saignée : on a toujours fait comme ça, et cela marche…dans certains cas. Parfaitement décrit dans un article publié sur le site NPR, relayé par le brillant neuroscientifique Renaud La Joie, nous reprenons les principaux éléments ici pour le lecteur francophone.

Le Professeur Wieman fait des cours magistraux old school, où il déverse son savoir sur les étudiants (On-A-Toujours-Fait-Comme-Ça). En testant les étudiants à la fin grâce aux  boîtiers de réponse de son université pour faire des tests 20 minutes après la présentation des notions, il constate un taux de réponse correct de 10%…soit 9 étudiants sur 10 qui n’imprimaient rien (ce calcul a été fait de tête) ! Comme Carl est un scientifique sérieux, quand quelque chose ne marche pas, il cherche mieux. Et découvre la pédagogie active, pas comme une recette ou une croyance miraculeuse, mais en se basant sur des articles scientifiques (ici et pour exemples).

Dès lors, après une rapide information théorique, Carl Wieman donne un problème à résoudre en petit groupe. Cela marche bien mieux (50% de réussite en plus au test). Il en arrive à dire que c’est contre l’éthique d’enseigner façon old school, en professeur magistral qui déverse sa connaissance sur des étudiants passifs.

Plus qu’un problème de budget (les formations ne sont pas parmi les plus onéreuses) ou la volonté de nombre d’enseignants d’améliorer leur pratique, c’est un problème d’habitude pour sortir du paradigme prof qui parle / étudiants qui écoutent. Et d’ignorance des méthodes efficaces. Depuis le réveil de Carl Wieman (prix Nobel), l’Université de Stanford (une des plus prestigieuses au monde), a introduit la pédagogie active dans des cours de mathématiques et de physique (disciplines sérieuses s’il en est). Pour répondre à la question initiale, on dira : il trouve des solutions efficaces et les applique. Et arrête les saignées.